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la Seine, pour les envoyer, eux, des civils, des boutiquiers, des pères de famille, échanger des coups de fusil avec des insurgés enragés ? Ce n’était pas leur place de marcher en première ligne contre les barricades. Puisque le gouvernement gardait ses soldats, eux garderaient la chambre, comme si le médecin, pour leur santé, leur eût défendu de mettre un pied dehors. Et voilà pourquoi les gardes nationaux de l’ordre crurent devoir imiter le bourgeois de l’opérette, et restèrent chez eux.

Cette proclamation, malgré la sonorité de ses phrases, sonnait donc faux, et ses efforts de terreur ne pouvaient porter. Il semble que M. Thiers, non seulement ne collabora pas à cette affiche, qui d’ailleurs n’est signée que d’un membre du gouvernement, Ernest Picard, mais même qu’il n’en eut pas connaissance. Il n’en eût pas permis l’apposition. Elle était contraire à ses idées, à ses projets. Elle n’avait en outre aucune raison d’être au moment où l’on renonçait à la lutte, où l’évacuation sans combat était résolue.

Une autre proclamation, affichée aussi dans le milieu de la journée du 18 mars, semble détonner également, et contredire les délibérations prises en ce moment même, aux Affaires Étrangères, pour le retrait des troupes.

Gardes nationaux de Paris,

On répand le bruit absurde que le gouvernement prépare un coup d’État.

Le gouvernement de la République n’a et ne peut avoir d’autre but que le salut de la République.

Les mesures qu’il a prises étaient indispensables au maintien de l’ordre ; il a voulu et veut en finir avec un Comité insurrectionnel dont les membres, presque tous inconnus à la population, ne représentent que les doctrines communistes et mettraient Paris au pillage et la France au tombeau, si la garde nationale et l’armée