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Le ministre de l’Intérieur et le général d’Aurelle de Paladines avaient cependant essayé de galvaniser cette garde nationale engourdie.

Ils avaient fait afficher la proclamation suivante, tardive et inutile :

À la Garde Nationale de la Seine,

Le gouvernement vous appelle à défendre votre cité, vos foyers, vos familles, vos propriétés.

Quelques hommes égarés, se mettant au-dessus des lois, n’obéissant qu’à des chefs occultes, dirigent contre Paris les canons qui avaient été soustraits aux Prussiens.

Ils résistent par la force à la garde nationale et à l’armée.

Voulez-vous le souffrir ?

Voulez-vous, sous les yeux de l’étranger, prêt à profiter de nos discordes, abandonner Paris à la sédition ?

Si vous ne l’étouffez pas dans son germe, c’en est fait de la République et peut-être de la France !

Vous avez leur sort entre vos mains.

Le gouvernement a voulu que vos armes vous fussent laissées.

Saisissez-les, avec résolution, pour rétablir le régime des lois, sauver la République de l’anarchie, qui serait sa perle ; groupez-vous autour de vos chefs ; c’est le seul moyen d’échapper à la ruine et à la domination de l’étranger.

Le général Commandant des gardes nationales :
D’Aurelle de paladines.
Le ministre de l’Intérieur :
E. Picard.
Paris, le 18 mars 1871.

C’était un appel au dévouement, à la crainte aussi, et au sentiment de la conservation personnelle, adressé aux gardes nationaux supposés hostiles aux éléments plébéiens. Le ministre Picard invoquait le secours de ceux que, sous les gouvernements aux prises avec une tentative insurrectionnelle, on désigne sous le nom « d’amis de l’ordre ». Cette partie de la garde nationale, que visait Ernest Picard,