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LIVRE XI

LA FUITE DU GOUVERNEMENT

PARIS DANS LA JOURNÉE DU DIX-HUIT MARS

La journée du dix-huit mars fut confuse et pacifique. La surprise était générale. Des barricades s’élevaient lentement dans tous les quartiers de Paris, sans violence, sans désordre. Dans les rues populeuses qui montaient vers le Père-Lachaise, on invitait les personnes se rendant au cimetière pour assister aux funérailles du fils de Victor Hugo à mettre un pavé, pris au tas voisin, à la barricade en construction, et ce péage insurrectionnel satisfait, on laissait s’éloigner le passant. Aucun commandement n’était donné, et nulles mesures générales n’apparaissaient, comme étant prises ou réclamées. Habitants et gardes nationaux se retranchaient dans leurs quartiers, comme au hasard, selon l’inspiration de quelques citoyens d’initiative, et en tenant compte de la disposition des lieux. Le sentiment qui paraissait dominer était la crainte d’un retour offensif des troupes, et l’on s’efforçait de barrer l’accès des hauteurs et des arrondissements populaires à une force ennemie venue du centre. Les bataillons des quartiers excentriques paraissaient vouloir se protéger surtout con-