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prisons, et à commencer la guerre civile dans les rues de Paris vide de ses défenseurs, pendant que les citoyens valides seraient retenus par la guerre étrangère dans les Ardennes. De là l’explosion de fureur qui endurcit les terribles exécuteurs aux Carmes, à l’Abbaye, à la Force. Quelques-uns seulement firent le massacre, mais tous le laissèrent s’accomplir, et la victoire de Valmy l’amnistia. Il y eut aussi une sérieuse et farouche pensée politique, dans cette ruée inexorable vers les prisons, où bien des victimes innocents, avec d’autres moins inoffensives, tombèrent sous le sabre ou les piques, en sortant du tribunal exceptionnel que présidait le sombre Maillard. Il fallait à la fois inspirer la terreur aux ennemis de la Révolution, et compromettre à jamais, engager pour toujours, ses amis. Sans les massacres de Septembre, l’énergie eût fait défaut aux révolutionnaires ; l’espoir d’une pacification, d’un gouvernement constitutionnel avec Louis XVI, et d’un traité avec la coalition, eût amolli et leurré les patriotes. La République n’eût pas duré, si elle avait même pu commencer. Ce sont les journées de Septembre qui ont sauvé la Patrie, en obligeant les volontaires à vaincre à Valmy, et en forçant les républicains à frapper la royauté à la tête, puisqu’il n’y aurait à attendre d’elle et de ses défenseurs, les émigrés et les Prussiens, ni transaction ni merci.

Rien de semblable au Dix-Huit Mars. La guerre était terminée. Il n’était nul besoin de répandre la Terreur, ni au dehors, ni au dedans. C’était plutôt le calme, le bon ordre, la paix sous toutes ses formes, qui était nécessaire. Les projets monarchistes de l’Assemblée Nationale pouvaient être déjoués par la ferme attitude et par l’union de tous les républicains. Paris cependant devait rester en armes, pour contenir les factions réactionnaires. En restituant les canons, en gardant ses fusils, c’était la république inattaquable. Les