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à les rencontrer au Château-Rouge, et à soutenir avec eux une discussion, où sans doute on se fût accusé réciproquement de trahison et de rébellion. Il préféra attendre les événements dans sa mairie. Ce fut une faiblesse, et même une faute.

On doit dire qu’il ne pouvait croire les prisonniers en péril, et qu’il jugeait sa présence indispensable à la mairie, où, toute la journée, il eut à répondre à des demandes, à des délégations, et à donner des visas et des signatures.

Au procès des accusés pour participation au meurtre des généraux, le rapporteur mit en cause, indirectement, M. Clemenceau. Il lui reprocha d’avoir inspiré confiance au général Lecomte, en lui disant qu’il répondait de la tranquillité de son arrondissement. « Devant une telle assurance, donnée par un magistrat, ajoutait le rapporteur, le général continua à attendre les attelages, et ne prit aucune mesure de sûreté. »

M. Clemenceau, qui figurait comme témoin, réfuta avec énergie les insinuations perfides du rapporteur et du comandant Roustan, commissaire du gouvernement. Il somma même le président, colonel Aubert, de le faire passer du banc des témoins au banc des accusés, si on l’estimait responsable ou coupable. Il termina par cette fière déclaration : « Je suis resté tout le temps à mon poste, et si le gouvernement avait fait son devoir comme j’ai fait le mien, nous n’aurions pas à déplorer les malheureux événements du 18 mars. »

Une provocation, suivie d’un duel au pistolet avec Le commandant Poussargues, eut lieu au cours des débats. Le commandant Poussargues fut blessé à la cuisse.

On trouvera dans une partie finale de cette Histoire, intitulée « la Répression », l’analyse de cet important procès, qui eut lieu à Versailles, devant un conseil de guerre pré-