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cier les hommes et les faits dont j’ai entrepris d’écrire l’Histoire, et aussi pour prouver que, n’ayant eu qu’une participation indirecte et secondaire aux événements, en même temps que n’ayant pas été une victime bien éprouvée par la répression, je suis pareillement susceptible d’observer l’impartialité entre les deux camps. Il m’est permis, en écrivant ces pages véridiques, de garder l’impersonnalité qui doit être la première qualité de ce juge suprême qu’on nomme l’historien. En présence des erreurs, des fautes, des excès, des crimes et des fureurs de deux partis, dans la mémorable et émouvante lutte du printemps de 1871, il m’est possible, surtout alors que quarante ans se sont déjà écoulés, depuis les événements, et que la plupart des acteurs du drame, vainqueurs et vaincus, sont apaisés, sinon réconciliés, dans la tombe, de peindre avec sang-froid et d’un pinceau précis, d’après nature, ayant eu les modèles sous les yeux, ce grandiose et sinistre panorama.

Malgré un certain nombre de livres intéressants, consciencieux, et documentés supérieurement sur des points spéciaux, incomplets pour l’ensemble, et en tenant compte des renseignements exacts et de la part de vérité que peuvent renfermer les mémoires et libelles des écrivains réactionnaires, comme les récits, souvenirs et apologies des survivants ou des défenseurs de la Commune, on peut affirmer que l’histoire de cette émouvante époque n’a été, jusqu’à ce jour, que préparée.

Tous les ouvrages que nous possédons sur ce temps ne sont que des fragments d’histoire, même l’excellent livre de Lissagaray et l’ouvrage de Da Costa. La Commune, par ses détracteurs comme par ses partisans, est considérée