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de ceux qui payèrent durement et injustement le spectacle tragique auquel le hasard et la curiosité les firent assister, il ressort qu’il n’y eut nullement un simulacre de cour martiale, encore moins la formation d’un peloton d’exécution.

Les deux généraux ne furent pas tués ensemble. Clément Thomas fut frappé avec une rage inouïe par plusieurs forcenés. Son corps fut relevé percé de coups.

Le docteur Guyon, qui procéda aux premières constatations, et M. Moreau, aide de camp du général Clément Thomas, qui assista à l’exhumation du corps, ont reconnu la nature des blessures ayant amené la mort. Le général Clément Thomas avait 19 blessures bien apparentes sur le thorax et l’abdomen. La tête, dans sa partie droite, était fracassée par un grand nombre de balles. Le bras était à peu près détaché au-dessus du coude par plusieurs coups de feu, les jambes et les pieds avaient quatre ou cinq blessures. Aucune trace de coups de baïonnettes. Quelques ecchymoses aux épaules et sur les hanches, provenant de la bousculade, quand le malheureux avait été entraîné au dehors de la salle basse de la rue des Rosiers. Au total, les trous d’une quarantaine de balles furent constatés.

Le général Lecomte avait reçu neuf blessures. Une seule, qui avait suffi à amener la mort immédiate, existait à la tête, à l’occiput. Le général avait été frappé par derrière. Deux balles avaient labouré les chairs, des genoux aux épaules. Ces blessures indiquaient que les coups de feu avaient été tirés quand le général était déjà tombé. Même observation pour les blessures relevées aux pieds de Clément Thomas, dont les chaussures étaient trouées.

Enfin, constatation importante : la plupart des blessures provenaient de balles de chassepot, d’armes de soldats par conséquent, puisque les bataillons auxquels appartenaient