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C’était la plèbe des arènes romaines, et dans ces pierreuses coiffées à la chien, aux chignons à l’air, aux clairs caracos, revivait l’âme cruelle des furies de la guillotine, sous la Terreur. Quant aux cavaliers de ces créatures, gardiens de ce bétail d’amour public, ils se recrutaient parmi les paresseux et les bellâtres du quartier, et aussi chez ces joueurs de dés ou de bonneteau, contre lesquels les autorités municipales prenaient vainement des arrêtés qu’on n’exécutait pas. Il n’est pas besoin pour expliquer la présence, autour de la maison de la rue des Rosiers, de toute cette assistance suspecte, d’ajouter foi à cette explication, que M. le comte d’Hérisson a formulée dans son Nouveau Journal d’un officier d’ordonnance, que « M. Thiers, quelques jours avant le Dix-Huit mars, avait fait mettre en liberté trois cents détenus de la maison de Poissy, en les engageant à devenir autant d’agents actifs de l’émeute. Ces trois cents gredins n’étaient pas pour donner, lorsqu’on les arrêterait par ci par là, un cachet d’honorabilité, de respectabilité, au mouvement populaire. » (Vol. cit., p. 73) Il n’était pas nécessaire, cet appoint pervers. Une grande ville comme Paris, surtout avec l’afflux de population miséreuse, considérable au moment du siège, et renouvelé à l’ouverture des portes, pouvait, devait même contenir un nombre suffisant de gens sans aveu, sans ressources, prêts à tous les désordres, sans qu’on ait à faire entrer en ligne de compte une importation de réclusionnaires lâchés.

Un de ceux qui furent condamnés pour le meurtre auquel il avait seulement assisté, sans participation aucune, Arthur Chevalier, a adressé à Gaston Da Costa, qui avait été son compagnon de bagne, en Calédonie, une intéressante déclaration sur la fin des deux généraux.

Après avoir déclaré qu’il ne peut rien dire sur ce qui s’est passé avant l’après-midi, puisqu’il ne se trouvait pas alors