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et qui paraît exacte, par Cattelain, qui fut chef de la sûreté de la Commune. Un personnage curieux, cet artiste dessinateur et graveur, devenu chef de l’important service de la Sûreté, par la protection de Jules Vallès et d’André Gill, en remplacement de M. Claude. Cattelain du reste s’acquitta fort bien de ces difficiles fonctions.

Cet artiste-fonctionnaire, dont il sera question plus longuement dans le chapitre consacré à la Police sous la Commune, se trouvait dans la matinée du 18 mars en compagnie de son ami, le célèbre dessinateur André Gill. Tous deux cheminaient entre les baraquements du boulevard Clichy, proche la place Pigalle, à la recherche d’une boutique de pâtissier, désireux d’acheter des gâteaux pour un goûter. Un homme à barbe grisonnante marchait à côté d’eux. Ils l’avaient regardé passer, avec des yeux indifférents. Non loin se trouvait un groupe de gardes nationaux qui fumaient en causant.

L’un d’eux, je le vois encore, dit Cattelain, avec des galons de lieutenant cousus sur un vêtement bourgeois, se leva et vint à nous :

— Est-ce que vous n’êtes pas Clément Thomas ? dit-il au vieillard.

— Oui, répondit l’ex-général.

— Vous voyez le mouvement : êtes-vous des nôtres ?

À ce moment, le lieutenant, Gill, Clément et moi, formions seuls un petit groupe, et si quelques paroles du général sont sorties de ma mémoire, c’est que Gill me disait à l’oreille :

— C’est curieux : je l’ai dessiné, j’ai dix photographies de sa figure, à l’atelier, cependant je ne l’ai pas reconnu.

Alors Clément Thomas s’adressant à nous :

— Mes enfants, j’ai donné ma démission, je ne veux plus me mêler de rien. Je ne suis ni pour vous ni contre vous, Vous me connaissez pour un vieux républicain de 48…

Hélas ! c’était ce titre-là qui ne le protégeait guère !

Des gardes s’étaient approchés : l’un d’eux, remarquable par sa