et le général d’Aurelle de Paladines le remplaça au commencement de mars. Il n’avait donc pas participé aux événements qui précédèrent le 18 mars. Rentré dans la vie civile, rien ne pouvait donner à penser qu’il dût être une des deux victimes de cette journée. La fatalité, et aussi l’idée singulière qui lui passa par la tête d’aller se promener, en vêtements bourgeois il est vrai, au milieu d’une foule en insurrection, furent cause de sa perte. Reconnu, signalé, empoigné, aux environs de la place Pigalle, il fut conduit au poste de la rue des Rosiers, où son passé de « fusilleur de 48 », et de général de la garde nationale, pendant le siège, excita contre lui la plèbe déchantée. On lui reprocha surtout des insultes publiquement proférées contre les gardes nationaux des quartiers avancés, que ses services anciens, sous Cavaignac, ne lui faisaient pas traiter avec bienveillance. Après Buzenval, il avait reproché à certains bataillons de ne pas avoir montré assez d’entrain à l’ennemi ; c’était une calomnie et un parti pris, car les bataillons qu’il accusait de ne pas vouloir se battre, avaient été les premiers, le 28 février, à se porter dans les Champs-Élysées, au-devant des Prussiens. L’entrée de l’armée allemande était annoncée pour ce jour-là, et ces gardes nationaux, que Clément Thomas déclarait incapables de tenir devant l’ennemi, accompagnés de troupes professionnelles, allaient hardiment tenter, sans le secours de l’armée régulière, de barrer le passage à l’envahisseur, avec la presque certitude d’être écrasés. C’était sans doute du patriotisme exalté, à la don Quichotte. Mais le brave chevalier eût fait montre de la même bravoure, si, au lieu d’avoir affaire à des moulins à vent, il s’était trouvé en présence de véritables géants. Ainsi les gardes nationaux, si les Prussiens étaient réellement entrés cette nuit, comme on le disait, se fussent trouvés là pour essayer de les arrêter, et pour
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