Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 1.djvu/45

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

marets, alors bâtonnier de l’ordre des avocats, maire du 9e arrondissement et député de la Seine.

L’éminent bâtonnier, en se présentant à la barre, déclara d’abord qu’il venait réclamer, comme avocat, au nom de l’Ordre tout entier, un jeune confrère, dont le parrain au barreau avait été l’illustre Me Crémieux, membre du conseil de l’ordre, député, ancien membre du gouvernement provisoire de 1848, et membre du gouvernement de la Défense nationale, lequel s’associait au bâtonnier pour demander l’abandon de la poursuite.

M. Pascal Duprat, député des Landes, ex-ambassadeur de France en Grèce, déposa comme témoin et fit l’éloge du prévenu, dont il rappela les services démocratiques sous l’empire, et la belle conduite sous les drapeaux pendant la guerre. Il déclara que, s’il se fût rendu à Athènes, comme ambassadeur, il l’eût emmené en qualité de secrétaire.

Le tribunal, sous la pression des circonstances, et étant donnée l’exaspération des esprits, ne pouvait acquitter purement et simplement, mais il usa si largement du bénéfice des circonstances atténuantes qu’il prononça cette peine minime et, pour le moment, extraordinaire : un mois d’emprisonnement.

C’était un véritable acquittement, c’était aussi la proclamation, officielle et judiciaire, que la conduite et l’altitude du délégué au Conseil d’État, sous la Commune, n’avaient rien eu de répréhensible, de blâmable, même pour des adversaires politiques victorieux, et que la condamnation équivalait à une de ces pénalités que subissent les moindres délinquants, pour des contraventions et des infractions