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furent laissés dans la salle du premier étage, au rez-de-chaussée, surélevé de plusieurs marches, servant de bureau à l’ancienne administration du bal. Ces officiers étaient le commandant Poussargues et le capitaine Franck, du 18e bataillon de chasseurs à pied, le chef de bataillon du 88e de marche, deux capitaines du 115e de ligne, et un capitaine du 84e, en vêtements civils, qui revenait de captivité, et qui avait été arrêté à la gare du Nord, à sa descente du train. Le général Lecomte se montrait plus rassuré, loin de cette foule hurlante qui l’avait assailli durant le parcours.

Le général Claude-Martin Lecomte avait cinquante-neuf ans. Il avait été, à l’école d’application, à Metz, le camarade de Trochu et de Ducrot. Il avait, lors de la capitulation, remplacé l’amiral Fleuriot de L’Angle, au commandement du secteur de la Muette. Il dut prendre, en cette qualité, les dispositions nécessaires pour l’entrée des Prussiens dans Paris. Nommé alors général de brigade à Paris, il avait demandé et obtenu le commandement du Prytanée de la Flèche. Il devait s’y rendre prochainement. Il était strict et même sévère dans le service, mais, en dehors de ses devoirs professionnels, il se montrait d’un caractère amène. Il était bibliophile, connaissant bien la littérature ancienne et la numismatique. Il possédait une intéressante collection de médailles et de livres rares. Il avait six enfants.

Le capitaine Simon Mayer, les prisonniers en sûreté, s’était hâté de se rendre à la mairie de Montmartre. Il vit le maire, Clemenceau. Celui-ci, sur Sa demande de vivres pour les prisonniers arrêtés, délivra et signa un bon pour six déjeuners. Le maire ajouta : « Gardez ces prisonniers, vous en répondez ! » Simon Mayer acquiesça.

M. Clemenceau savait donc, à dix heures du matin, que