se produirait surtout dans ces quartiers préparés à la lutte, si par ailleurs la soumission s’établissait. Il ne voulait pas avoir à la fois tout Paris sur les bras, et surtout il ne désirait pas mettre sur pied les bataillons de cette rive gauche, par laquelle il comptait faire passer les troupes, pour les emmener à Versailles. Thiers s’empressa de profiter de la défection des régiments, dont, de toutes parts, on lui apportait les nouvelles désastreuses. Il n’avait pas prévu débandade aussi générale, ni cette mise en déroute de l’armée par la population, sans combat, sans violence, sans un coup de feu. Cette unanime et universelle dislocation sans ordre le surprit, mais ne l’abattit point. Il résolut aussitôt d’en tirer le parti qu’il avait projeté.
Il est intéressant de constater la spontanéité de cette levée de crosses en l’air sur tous les points occupés.
Ce n’est que par suite du retard dans l’arrivée des attelages, a dit l’amiral Pothuau, que nos troupes out fini par se démoraliser et par lever la crosse en l’air. À partir de ce moment, il a été évident que le découragement allait se propager sur toute la ligne, et c’est en effet ce qui a eu lieu. Alors seulement les troupes qui étaient à Montmartre et à Belleville ont fait défection, mais, dans certaines casernes, elles ont pactisé avec l’émeute. On ne pouvait plus alors se faire la moindre illusion sur le secours de la force armée…
(Enquête Parlementaire, déposition de M. le vice-amiral Pothuau, t. II, p. 511.)
Le colonel Vabre, qui avait la garde de l’Hôtel-de-Ville, a relaté que le colonel Lespion voulait se faire sauter la cervelle « parce que ses troupes avaient été entourées par une foule sans armes, qui les avait mises dans l’impossibilité d’agir ; qu’il avait dû composer, et que, pour ravoir ses pièces, il lui avait fallu promettre de rentrer à l’Hôtel-de-Ville. » (Enquête Parlementaire.)