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occupés, ni menacés. C’étaient pourtant là les arrondissements, XIIIe, XIVe, XVe, les mieux préparés pour une insurrection. On avait signalé, à plusieurs reprises, dans les conseils du gouvernement, l’attitude de deux chefs improvisés de la garde nationale, Duval et Henry, qui dans ces arrondissements prenaient les titres, l’un de colonel, l’autre de général. Et c’était dans ces quartiers que l’organisation du Comité Central avait débuté. Il était donc présumable que sur toute cette vaste surface, dont les bataillons étaient actifs, ardents, prêts à défendre la République contre l’assemblée, supposée, surtout dans l’esprit de ces populations, prête à des manœuvres monarchistes, il y aurait une résistance énergique, un combat sanglant, une lutte de plusieurs jours peut-être. Rien ne bougea, parce qu’il n’y eut, de ce côté, aucune provocation. Pourquoi fut-il négligé, délaissé, cet important périmètre révolutionnaire, où le désarmement de la garde nationale devait paraître à la fois difficile et urgent ? Là seulement la garde nationale était organisée, avec des chefs résolus, pour commencer un mouvement, à la première occasion que l’assemblée réactionnaire ne pouvait manquer de fournir.

Ici, encore se retrouve la trace, et pour ainsi dire la preuve manifeste du complot de Thiers contre Paris.

RÉUSSITE DU PLAN DE M. THIERS

M. Thiers n’était pas assuré de l’insuccès sur la rive droite. Il pouvait être surpris par une victoire rapide et complète, dérangeant ses calculs. À Montmartre, il s’en fallut de peu que les troupes ne fussent maîtresses des canons, sans qu’il y ait eu bataille. Les attelages, bien que très tardifs, pouvaient arriver encore assez à temps, si le général Vinoy n’avait pas été si prompt à tourner bride. Les