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Les attelages attendaient encore, à dix heures, dans les Champs-Elysées, pourquoi ?

LES BUTTES CHAUMONT

Les événements se précipitèrent donc selon les prévisions et les espérances de M. Thiers. Une seule éventualité, qu’il n’avait pas prévue, le déconcerta un instant : l’immense défection des troupes. Il y eut aussi cette aggravation, que la défection ne se produisait pas uniquement à Montmartre ; elle fut générale, spontanée, simultanée.

Le plan d’ensemble de la provocation du Dix-Huit mars comprenait la moitié de Paris. Ils agissait de soulever la population sur les points stratégiques importants, afin d’amener une résistance dans tous les quartiers, ce qui motiverait l’action militaire énergique, la bataille, la répression, avec, en cas d’insuccès, la retraite sur Versailles, puis le retour offensif et le désarmement final.

Les Buttes Chaumont avaient aussi un parc d’artillerie, où se trouvaient des canons patriotiquement soustraits aux Prussiens, le 27 février. La brigade La Mariouse, de la division Faron (composée des meilleurs régiments, 35e, 42e, 109e et 110e de ligne, la seule division ayant conservé ses armes) fut chargée d’enlever ces canons. La division Faron occupa toutes les positions indiquées, avec succès. Le 42e de ligne, par les rues du Faubourg-du-Temple et de Belleville, prit possession de la mairie du XXe (ancienne). Il était maître, au matin, de cette citadelle des insurrections. Le 2e bataillon du 35e de ligne, par la rue Lafayette, le boulevard de la Villette et la rue de Puebla, gagna les hauteurs, tandis que le Ier bataillon, par les rues d’Allemagne et de Crimée, s’emparait des Buttes Chaumont. La rue de Flandre, le canal, les boulevards, et les rues de