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espérances qu’on avait conçues, il faudrait se résoudre à abandonner Paris. »

Quant aux attelages, ni le général Vinoy, ni le général Le Flô ne donnent la raison pour laquelle ils furent en retard. Ce retard ayant été la décisive et principale cause de l’insuccès, on peut se demander comment il s’est produit. La désobéissance et la débandade ne s’étaient pas encore manifestées. Il est donc certain que les équipages eussent été prêts, et fussent partis à l’heure, si on avait fixé cette heure comme il convenait. Les troupes étaient bien descendues à l’heure voulue dans les cours et avaient quitté à temps leurs casernes. Pourquoi les équipages militaires n’avaient-ils pas suivi ? C’est apparemment parce que Vinoy et Thiers ne leur ont pas donné l’ordre de se mettre en route, avec les autres corps. L’excuse, donnée par des militaires, que l’état-major avait calculé, selon son usage ; arguant, pour éviter l’encombrement sur les routes et ponts, que les équipages doivent être mis en mouvement, en dernier, une heure environ après que les troupes de combat ont passé. Cet ordre de marche est applicable avec utilité pour les grandes concentrations de troupes disséminées, dans les mouvements de corps d’armée de la grande guerre ; il ne saurait être employé pour une courte étape, et pour une expédition restreinte comme celle des Buttes Montmartre, pour deux kilomètres à faire dans Paris.

La question se pose donc ainsi : les équipages ont-ils été intentionnellement commandés pour une heure trop tardive ?

Il est hors de doute que les hommes du train n’ont pas refusé de marcher, et que si on les eût commandés pour l’heure convenable, ils se fussent trouvés à temps aux Buttes, à portée des canons, qui étaient pris et qu’il fallait emmener. Si les équipages ne sont pas partis en temps