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cartes, que Montmartre était facile à prendre par derrière, ce qui fut vérifié dans l’attaque de mai ; puisqu’il avait fait dresser un plan à cet effet par ses deux officiers déguisés, pourquoi n’a-t-il pas au moins tenté ce coup de main, qui avait tant de chances pour lui ?

Cette déposition est pleine d’obscurité, et l’on peut se demander si Vinoy, en agissant comme il l’a fait, ou plutôt en n’agissant pas, et en battant en retraite devant des femmes et une poignée de gardes nationaux hésitants, n’était pas de connivence avec Thiers ? Cette attaque de Montmartre, faite sans ardeur, sans conviction, et aussitôt lâchée, ne fut-elle pas une des conditions d’exécution du plan combiné par le chef du pouvoir exécutif ?

INEXPLICABLE RETARD DES ATTELAGES

Le supérieur hiérarchique du général Vinoy, le général Le Flô, ministre de la Guerre, qui n’était certainement pas dans le secret, et qu’on n’avait pensé à consulter que lorsque tout était arrêté, a émis des critiques assez vives sur la façon dont Vinoy avait préparé et exécuté son attaque :

L’armée, a dit le ministre de la Guerre, se composait environ de quarante mille hommes. Le général avait déjà soumis au Conseil ses dispositions, qui avaient été généralement trouvées bonnes. C’était donc une affaire à peu près décidée. Je demandai seulement, comme ministre de la Guerre, d’être mis au courant. Je dois donc dire que je trouvais les dispositions un peu légèrement prises, et que j’eus quelques critiques à faire, notamment celle-ci :

Il avait imaginé (Vinoy, Thiers ou le Conseil ?), ne voyant dans cette opération, qui me paraissait plus grave qu’on ne le pensait, qu’un coup de main à accomplir, de faire sortir les troupes sans sacs, c’est-à-dire sans leurs bagages, ce qui Les mettrait dans l’obligation de revenir le lendemain. Or, si l’opération ne réussissait pas, les troupes étaient obligées de bivouaquer loin de