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démonstrations. Au point de vue humain, c’était louable, au point de vue militaire c’était déplorable, et inquiétant. L’honneur militaire devait par la suite connaître une terrible et excessive réparation.

Place Blanche, même enveloppement des soldats par la foule, et même défection militaire. Le général Vinoy, qui se trouvait boulevard Chichy, en entendant la fusillade de la place Pigalle, se hâta de tourner bride, et d’emmener ses hommes vers le centre de Paris. Il abandonnait tout, et n’avait plus qu’à chercher comment il expliquerait la défaite, et justifierait son inertie et sa fuite. Il n’y est guère parvenu.

MAUVAISES EXPLICATIONS DU GÉNÉRAL VINOY

Dans sa déposition devant la commission d’enquête, le général Vinoy a donné les renseignements suivants sur l’opération qu’il avait si peu habilement dirigée :

Il fut décidé, au Conseil, qu’on attaquerait. On examina ce qu’il fallait faire. Je prévoyais bien qu’on m’obligerait à tenter une attaque sur Montmartre ; j’avais envoyé, par prévision, deux officiers de mon état-major, habillés en blouse, déguisés, lever le plan de Montmartre, plan qui du reste a servi plus tard à reprendre Montmartre, ce qu’on a fait très facilement en l’attaquant par derrière.

Je pris ensuite toutes mes dispositions pour une attaque, et ces dispositions furent discutées entre moi et le ministre de la guerre à sept heures du soir. Les dispositions définitives étant prises, je convoquai chez moi, à huit heures, les généraux pour leur donner communication de ce qui avait été décidé. Il fallait attaquer à quatre heures du matin. Et il ne s’agissait pas seulement d’attaquer Montmartre, mais les Buttes-Chaumont, Belleville, et il fallait, en outre, se porter place de la Bastille, et maintenir partout la population. S’il n’y avait eu que quelques canons à enlever, l’affaire eût été simple, mais il y en avait cinq ou six cents,