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ces braves gens, pour avoir dételé leurs chevaux ! Ce sont des soldats en service commandé, il faut qu’ils soient considérés comme ayant cédé à la force ! Coupons les traits et dételons, citoyens ! » Les gardes présents, et la foule, accueillirent ce langage, et, suivant le conseil donné, se mirent à trancher les traits et à dételer. Les pièces furent ensuite poussées et hissées jusqu’au moulin de la Galette. Les rangs de la foule s’ouvrirent pour laisser les artilleurs libres, et leur permettre de redescendre vers les boulevards extérieurs.

Là aussi l’opération était manquée, et sans combat. Par la non-résistance des troupes, le peuple et la garde nationale restaient maîtres des canons et gardaient leurs positions.

Paturel revint trouver, place Clichy, son général de division Susbielle et son général en chef Vinoy, sans avoir rien tenté pour reprendre les canons, où pour secourir le général Lecomte, en ce moment entouré et désarmé par ses soldats et par les gardes nationaux accourus.

Les troupes du général Susbielle couvraient, au pied de Montmartre, toute la ligne des boulevards extérieurs. Elles ne s’étaient pas encore débandées ; elles pouvaient, en fort peu de temps, gagner la large voie du boulevard Ornano (Barbès) et par les rues Marcadet, Ramey, Myrrha, du Château, prendre la Butte à revers, gravir la rue Muller, réoccuper la tour Solférino, tenir toute la Butte. Ce mouvement tournant eût permis de dégager le général Lecomte, ou, s’il était déjà trop tard, de le délivrer, en entourant le Château-Rouge, en dispersant la foule massée autour, en balayant ses abords. Cette foule sans armes et les gardes nationaux en trop petit nombre n’eussent pas tenu devant ce retour offensif. Mais, ni Paturel, ni Susbielle, ni Vinoy n’eurent cette initiative ou ne voulurent tenter de ressaisir la victoire qui leur échappait. Les généraux semblaient, en