Page:Lepelletier - Histoire de la Commune de 1871, volume 1.djvu/425

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

brigade Lecomte. Il ne parut pas y songer. Cependant il n’avait pas eu, comme Lecomte, à surprendre des sentinelles, à s’emparer d’un poste comme celui de la rue des Rosiers, ni à enlever les canons des deux parcs d’artillerie superposés, encore moins à repousser une attaque comme celle des gardes nationaux venus de Clignancourt.

Il se trouvait, assez tardivement, à mi-côte de la rue Lepic, au tournant, vers le Moulin de la Galette, quand, par la rue Gabrielle, rue transversale, parallèle au front de la Butte et de niveau avec le parc d’artillerie, mais au-dessous du Champ Polonais, les premières pièces enlevées par les troupes de Lecomte lui arrivèrent, traînées à bras, puis menées par les quelques attelages dont disposait ce général.

La foule, peu à peu, s’était amassée dans la rue Lepic. L’encombrement était vite devenu considérable. Les artilleurs furent entourés, interpellés, sommés de rendre les canons, suppliés aussi de remonter les pièces, ou de les abandonner, de ne pas susciter une bataille, car, disaient ceux et celles qui parlementaient ainsi, les gardes nationaux allaient venir en force ; ils ne laisseraient pas emporter leurs pièces, et il y aurait combat. Ces exhortations et ces menaces impressionnaient les artilleurs. La rue, à cet endroit, était courbe et très montueuse. Avec le peu de chevaux dont ils disposaient, ils ne pouvaient que difficilement dégager leurs pièces. La manœuvre était pénible et prenait du temps. Un demi-bataillon de gardes nationaux était arrivé ; les artilleurs furent entourés et bloqués. On leur cria de dételer. Intimidés et démoralisés, comme les lignards de la tour Solférino, ils se disposaient à obéir à la foule, quand un officier de la garde nationale, doué d’une forte voix, monta sur un affût et parvint à se faire entendre, dans le tumulte. Il dit : « Il vaut mieux couper nous-mêmes les traits, pour que les chefs ne puissent pas punir