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carna dans une société, plutôt sceptique, égoïste et peu héroïque, les enthousiasmes des confesseurs primitifs, la charité des filles de saint Vincent de Paul, et la bravoure des volontaires de Sambre-et-Meuse.

LE GÉNÉRAL LECOMTE ET CLEMENCEAU

Au Dix-Huit mars, Louise Michel n’avait pas encore l’allure d’une héroïne. C’était une laborieuse et intelligente jeune femme, qui, tout en faisant de la musique, en chantant des vers, en écrivant des pages délicates et en instruisant des fillettes, se passionnait pour la République, voulait la défendre, si les royalistes de Versailles osaient l’attaquer, comme on le disait, et, en attendant l’heure où il faudrait combattre, cherchait toutes les occasions de se rendre utile et secourable, vigilante à l’ambulance, avant d’être intrépide sur la barricade.

Par hasard, cette nuit-là, elle se trouva sur la Butte et au premier rang, au moment de l’attaque. Elle a raconté l’épisode du pansement de Turpin. Et première victime, qui mourut quelques jours après, heureux de la victoire populaire qu’il croyait acquise. Il recommanda à Clemenceau sa femme, qu’il laissait dans le dénuement.

Sur la Butte était un poste du 64e veillant au numéro 6 de la rue des Rosiers, a dit Louise Michel : j’y étais allée de la part de Dardelle (un des membres du comité de Vigilance du XVIIIe arrondissement) pour une communication, et j’étais restée. Deux hommes suspects s’étant introduits, dans la soirée, avaient été envoyés, sous bonne garde, à la mairie dont ils se réclamaient, et où personne ne les connaissait. Ils furent gardés en sûreté, et s’évadèrent le matin, pendant l’attaque. Un troisième individu suspect était en train de raconter des mensonge dont on ne croyait pas un mot, ne le perdant pas de vue, quand le factionnaire Turpin tombe atteint d’une balle. Le poste est surpris, sans que le coup de canon à blanc, qui devait être tiré en cas d’atta-