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corps fut ramené à Paris, et les obsèques eurent lieu au cimetière de Levallois-Perret, où avait été enterré Ferté. Un déploiement considérable de police et de troupes eut lieu à la gare de Lyon, à la Bastille, et sur tout le parcours du convoi. C’est que la foule était grande, sur le passage du cortège. Il y eut quelques bagarres, aux abords du cimetière, et au rond-point de la Villette, mais rien de bien grave. Ses obsèques eurent lieu le 22 janvier, date fatidique pour la défunte. Louise Michel était âgée de soixante-dix ans.

Elle a eu une fin relativement paisible, une fin de vieille femme tranquille, qui n’a pas eu d’aventures, et dont le nom, comme l’existence, ne doivent jamais figurer dans l’histoire. Cette mort, dans un âge déjà avancé, sans grandes souffrances, à la suite d’une des plus vulgaires affections, ne semblait pas devoir être celle de cette femme, à l’existence aventureuse et tourmentée, qui tant de fois avait été au-devant du danger, et que la mort avait si souvent frôlée. Le peloton le long d’un mur, un rouge soir d’émeute, sous un ciel lourd de fumées, violacé par les reflets de l’incendie, ou l’agonie misérable dans une paillotte calédonienne, ou encore la fin lente et silencieuse entre les murs nus d’une prison semblaient devoir être le terminus tragique de ses étapes de révoltée. Elle ne laissa pas, dans le grand public, indifférent ou sceptique, une impression de mépris ou d’horreur, et sa mémoire n’est pas exécrée. Elle fut toujours adorée par ceux qui la connaissaient, estimée de ceux qu’elle combattait, vénérée par ceux qui avaient éprouvé son grand cœur et admiré sa vaillance. Elle passait aux yeux des adversaires pour une détraquée, mais nullement pour une scélérate. Ses pires ennemis ne la confondaient pas avec ces mégères, un peu invraisemblables d’ailleurs, qu’on a nommées des pétroleuses, et dans les mains