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lance, et fut en rapports avec Clemenceau, pour les secours, la distribution de vêtements chauds, de soupes, aux femmes, aux vieillards, aux enfants, à tous ceux qui souffraient des privations du siège. Après le 18 mars, elle groupa un comité de femmes, et présida le club Révolution, qui se tenait dans l’église Saint-Michel, avenue de Saint-Ouen. La parole et la propagande pacifiques ne suffisaient pas à son tempérament combatif. Elle prit le fusil et, vêtue de l’uniforme de fédéré, elle combattit dans les rangs du fameux 61e bataillon, le bataillon de Montmartre, commandé par Razoua. On la vit à Issy, à Clamart, sur tous les théâtres périlleux des combats suburbains. Elle avait débuté, comme guerrière, en faisant le coup de feu, place de l’Hôtel-de-Ville, au 22 janvier. Dans la lutte terrible des derniers jours, elle se battit jusqu’à la suprême défaite. Elle fut laissée pour morte, à la barricade de la chaussée Clignancourt, près la rue Myrrha, où Dombrowski avait été blessé. Elle avait été renversée, piétinée, frappée à coups de crosse, lors de la prise de la barricade. Elle put se traîner jusqu’à la maison d’une amie sûre, et de là, après avoir emprunté une jupe et une capeline, qu’il était urgent de substituer à sa tunique de fédéré et à son képi, elle put regagner sa demeure. Elle avait hâte d’arriver rue Houdon. Elle trouva l’école déserte, pas de lumière, les volets clos. Personne autre que sa petite chienne Finette, qui hurlait à la mort et con chat Raton, qui miaulait désespérément.

Une voisine lui apprend que les Versaillais sont venus, et qu’ils ont emmené sa mère, à sa place. Elle court aussitôt, affolée, se livrer, pour qu’on relâche la pauvre vieille femme. Elle comparut devant le 6e conseil de guerre. Son attitude fut digne et fière. Elle ne renia rien de ses convictions ; elle avoua sa participation à la résistance de la Commune.