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mulé de la santé, de la vigueur, de l’énergie, dans ses longues courses solitaires, par les bois hantés des loups rôdeurs et des braconniers à l’affût, par les plaines et les coteaux, où elle se plaisait à causer avec les laboureurs et les vignerons. Mais elle n’avait pas amassé d’argent. Elle dut chercher un emploi pour vivre, avec sa mère. Elle débuta, comme maîtresse d’école, dans un petit village champenois, à Audelencourt. Elle y eut bientôt des démêlés avec l’autorité préfectorale, ayant exprimé trop hardiment son opinion sur Napoléon III. Elle dut quitter l’enseignement officiel, vint à Paris, et entra, en 1856, dans une institution dirigée, rue du Château-d’Eau, par une dame Viollier. Elle fut ensuite institutrice aux Batignolles. Dans les dernières années de l’empire, elle demeurait à Montmartre, rue Houdon, 24, où elle avait ouvert une école. Sa classe était très suivie. Toutes ses élèves l’adoraient, et elle s’était attiré la sympathie de personnes fort peu révolutionnaires comme Mme Michel de Tretaigne, femme du maire bonapartiste de Montmartre, Mme Léon Berteaux, statuaire, les Dufour, les Mariton, propriétaires et constructeurs de maisons, notabilités de la petite ville de banlieue, qui lui procurèrent des leçons particulières. Elle avait aussi un cours de musique, où le jeune compositeur, Charles de Sivry, venait de temps à autre faire une leçon de solfège et d’accompagnement. Elle s’occupait de questions sociales déjà, mais elle ne dépassait pas, à cette époque, le sentimentalisme philanthropique de l’auteur de l’Ouvrière. « Jules Simon, a dit l’un de ses biographes, Charles Malato, manifesta une bienveillante sympathie à celle que lui et ses collègues du gouvernement de Versailles devaient un jour livrer à la justice militaire. »

Ce fut pendant le siège que Louise Michel entra résolument dans la politique militante. Elle organisa une ambu-