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dant grossissait ; la rumeur populaire était grandissante, et les tambours, dont les roulements grondaient plus forts, plus proches, signalaient l’arrivée des renforts. Les femmes, devançant les gardes nationaux, avaient gravi les pentes, envahissaient le plateau inférieur, s’approchaient des soldats, et, curieuses, babillardes, gesticulant, regardaient les efforts et les essais pour démarrer les canons.

Un mouvement se produisit. Dans ce groupe de badauds, plutôt que d’insurgés, un homme jeune, avec une écharpe tricolore en sautoir, se frayait un passage. C’était le docteur Clemenceau, maire de Montmartre. Il venait pour se rendre compte, et donner ses soins au blessé, le factionnaire Turpin. Il voulut le faire conduire à l’hôpital voisin.

Le commandant Vassal s’opposa à ce que ce médecin civil prit possession du blessé. Un médecin militaire avait déjà donné des soins à ce blessé, dit-il, avec l’aide de la cantinière et d’une femme des ambulances. En cette infirmière. Clemenceau, avec surprise, reconnut son administrée Louise Michel, en costume de garde-national.

LOUISE MCHEL

La plus curieuse personnalité féminine de 1871, cette vaillante exaltée, Louise Michel, qu’on a appelée la Vierge Rouge. Jeanne d’Arc de la Révolution, portant les armes et un drapeau pourpre, comme la Pucelle, Velleda aussi des défaites du prolétariat, cette héroïne communarde, épique comme la druidesse vaincue, était une simple institutrice. Son origine avait été celle d’un personnage de roman populaire. Elle était née, en 1835, dans un château, ou plutôt dans les communs d’un château, à Vroncourt, petit village de la Haute-Marne, « sur Le versant d’une montagne, au-dessus d’une vaste plaine, dans laquelle on entendait la