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la presse, le « pavillon des Princes », remplaçant dans sa cellule, dite « la Petite Sibérie », un futur ministre, Édouard Lockroy. Dans cette geôle au renom célèbre, la Bastille, d’ailleurs très supportable, du gouvernement impérial, il se lia avec divers hommes appelés à jouer un rôle dans les événements, tout proches, du Siège et de la Commune. Il était personnellement connu de Delescluze, de Félix Pyat, de Jules Vallès, et camarade de la plupart des jeunes gens ayant participé aux premières réunions publiques, aux discussions de la salle du Pré-aux-Clercs, de la Redoute, de la salle Molière, durant les dernières années du régime impérial.

Après le 18 mars, on lui proposa une fonction civile, d’ailleurs modestement rétribuée (300 francs mensuels). C’était la délégation au Conseil d’État, devenue vacante par suite du départ du premier titulaire, Abel Peyrouton, avocat et orateur populaire. Celui-ci avait été envoyé en mission auprès des républicains de Lyon, ville où son père, Démosthène Peyrouton, était honorablement connu comme membre du barreau et comme républicain.

Le candidat était d’ailleurs avocat à la Cour d’appel, ayant prêté le serment légal, inscrit à la conférence de l’Ordre, et venait d’être proposé, comme auditeur au Conseil d’État, au ministre Dufaure, par deux amis politiques : Pascal Duprat, nommé ambassadeur à Athènes, et Jules Ferrv, qui remplaça Pascal Duprat en Grèce, ce dernier, élu député des Landes, ayant préféré siéger à l’Assemblée. En outre, il avait fait des études juridiques assez complètes et avait collaboré, avec Édouard Laferrière, futur président du Conseil d’État, et Maurice Joly, au journal le Pa-