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dure cet état de choses, le commerce est arrêté, vos boutiques sont désertes, les commandes qui viendraient de toutes parts sont suspendues, vos bras sont oisifs, le crédit ne renaît pas, les capitaux, dont le gouvernement a besoin pour délivrer le territoire de la présence de l’ennemi, hésitent à se présenter.

Dans votre intérêt même, dans celui de votre cité, comme dans celui de la France, le Gouvernement est résolu à agir.

Les coupables qui ont prétendu instituer un gouvernement à eux vont être livrés à la justice régulière. Les canons dérobés à l’État vont être rétablis dans les arsenaux, et pour exécuter cet acte urgent de justice et de raison, le Gouvernement compte sur votre concours. Que les bons citoyens se séparent des mauvais, qu’ils aident à la force publique au lieu de lui résister, ils hâteront ainsi le retour de l’aisance dans la cité, et rendront service à la République elle-même, que le désordre ruinerait dans l’opinion de la France.

Parisiens, nous vous tenons ce langage, parce que nous estimons votre bon sens, votre sagesse, votre patriotisme, mais, cet avertissement donné, vous nous approuverez de recourir à la force, car il faut à tout prix, et sans un jour de retard, que l’ordre, condition de votre bien-être, renaisse entier, immédiat, inaltérable.

Paris, le 17 mars 1871.

Thiers, président du Conseil, chef du pouvoir exécutif.
Defaure, Ministre de la Justice.
E. Picard, Ministre de l’Intérieur.
Pouyer-Quentien, Ministre des Finances.
Jules Favre, Ministre des Affaires étrangères.
Général Le FLô, Ministre de la Guerre.
Amiral Pothau, Ministre de la Marine.
Jules Simon, Ministre de l’instruction publique.
De Larcy, Ministre des Travaux publics.
Lambrecht, Ministre du Commerce.

Cette proclamation ne pouvait avoir le caractère d’un avertissement, d’une mise en demeure. Elle paraissait à l’heure où nul ne devait en prendre connaissance, et quand elle pourrait être lue, les actes qu’elle annonçait seraient