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d’hui boulevard Barbès) partant des anciennes barrières Rochechouart et des Poissonniers.

La Butte était complètement abrupte sur le flanc oriental. Là se trouvaient des noyers, quelques vignes, avec des guinguettes, et les balançoires de la Tour Solférino. Elle supportait, sur son flanc occidental, un certain nombre de maisons et constructions. Sur le flanc nord, une rue rapide, la petite rue Saint-Denis, depuis rue du Mont-Cenis, descendait vers la plaine, aux Portes-Blanches. Le front sud, faisant face à Paris, où s’étend aujourd’hui la masse imposante de la basilique, était dégarni, avec une herbe rare, des ouvertures béantes et barrées, qui étaient d’anciennes carrières de gypse, des creux et des espaces incultes où jouaient les gamins. En bas, s’étendait la place Piémontési, devenue l’actuelle place Saint-Pierre. L’ancienne tour du télégraphe de Chappe, la Mire, et les constructions du Réservoir se dressaient sur ce plateau dénudé, avec le clocher et les tours de l’ancienne église Saint-Pierre de Montmartre, à laquelle était accoté un jardin, dit Calvaire. Là se trouvait le Champ Polonais, où les canons avaient été transportés, lors de l’entrée des Prussiens, où ils étaient, depuis, gardés avec un zèle qui allait décroissant.

Devant la cour de l’église, que fermait une grille, plantée de quelques arbres noirs et tristes, un peu en retrait, vers le sud, la place du Tertre, semblable à toutes les places de villages, s’étalait comme une mare mise à sec. Des rues tortueuses y conduisaient. Parmi celles-ci, la rue de la Fontenelle, dans laquelle débouchait la rue des Rosiers, vouée à une sanglante célébrité. On s’imaginait être très loin, et l’on se sentait dépaysé, quand, la pénible ascension faite, on atteignait ce centre pittoresque du Vieux Montmartre.

La mairie de Montmartre s’élevait alors au centre de la rue actuelle des Abbesses, avec une petite place plantée