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2o Que l’insurrection n’a été nullement préparée par le peuple, par la garde nationale, ou par des conspirateurs ; qu’elle fut une surprise et une riposte, et que M. Thiers est seul responsable des événements ;

3o Que la Commune, qui en fut le résultat logique, eut donc pour unique auteur M. Thiers :

4o Que les canons auraient pu être, sans danger, laissés à Montmartre, et dans les autres parcs, d’où ils eussent été ensuite facilement retirés, soit par un accord avec ceux qui les gardaient, soit à la suite d’un abandon volontaire, par lassitude, par découragement d’une faction sans nécessité ;

5o Que, la question des canons supprimée, l’insurrection n’avait plus de raison d’être, et la conciliation aurait pu se faire, sur la question principale des garanties pour la République, et sur les points secondaires des franchises municipales de Paris, des adoucissements aux lois rigoureuses sur les échéances et les loyers, de la réorganisation de la garde nationale, etc., etc ;

6o Que le plan de Thiers, qui n’a échoué que par une circonstance indépendante de sa volonté, la débandade des troupes, a valu à notre malheureux pays deux mois de guerre civile, Paris mis à sac avec une tuerie sans exemple dans les temps modernes, et a creusé un fossé de haine et de vengeances, à peine comblé après quarante ans, entre les vainqueurs et les vaincus ;

7o Enfin, que le Dix-Huit mars est un crime, aussi odieux, aussi indigne d’amnistie que le Deux-Décembre, et que le seul criminel, car les complices ne vinrent qu’après pour approuver et exécuter, est Thiers, donnant froidement, dans la nuit du 17 au 18 mars, l’ordre de marcher sur les parcs d’artillerie de Montmartre et de Belleville, c’est-à-dire d’attaquer Paris.