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autorité révolutionnaire. C’est le gouvernement provisoire de l’insurrection. Le Conseil fédéral se réunit le 22 mars.

Que décident alors les internationaux ? Rien. On émet des doutes sur le résultat d’une conciliation entre les municipalités et le Comité Central. Goullé fait observer que l’Internationale n’a qu’un membre dans ce Comité. Varlin ajoute : « Donc, elle est dégagée de toute responsabilité. » Un membre renchérit sur la défiance exprimée et dit : « Il faut savoir si le Comité ne compromet pas la République. »

Dans la séance du 23 mars, Frankel propose un manifeste dans lequel on invitera à voter pour la Commune. Dans ce manifeste on ne s’occupera que des élections à la Commune. Un membre dit : « Si nous nous occupions du Comité Central, dans notre manifeste, nous aurions à endosser la responsabilité que la réaction mettrait sur nous, si nous avions un échec. » Aubry s’étonne de ne pas trouver une liaison intime entre la Fédération ouvrière et le Comité Central. « Cependant, dit-il, la Révolution du 18 mars est toute sociale, et les journaux dans toute la France citent l’Internationale comme ayant pris le pouvoir. Nous savons qu’il en est différemment. Je crois que l’on coordonnerait le mouvement en invitant le Comité Central à adhérer à l’Internationale. »

Enfin, dans la séance du 29 mars, la Commune installée comme gouvernement à l’Hôtel-de-Ville, à la veille du jour où le canon va tonner, où le sang va couler, la discussion suivante s’engage :

Bertin. — Une des plus grandes questions qui doivent nous préoccuper, c’est celle relative à l’ordre social ; notre révolution est accomplie. Laissons le fusil et reprenons l’outil.

Goulle. — Il faut se tenir sur ses gardes.

Hamet. — La garde est facile à établir, le travail l’est moins ;