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figée dans sa douleur et son humiliation. La vie ordinaire est suspendue. Toute réunion, toute discussion sont ajournées. La cité est plongée dans l’obscurité, et le silence domine. L’Internationale tient cependant séance ce soir-là. Elle discute une communication du Comité Central de la garde nationale. Le Comité demande que les internationaux, fassent leur possible pour se faire nommer délégués dans leurs compagnies, afin de siéger au Comité Central.

Cette avance est accueillie froidement. Varlin dit : « Allons à cette chambre fédérale, non pas comme internationaux, mais comme gardes nationaux, et travaillons à nous emparer de cette assemblée. Frankel résiste : « Ceci ressemble à un compromis avec la Bourgeoisie, je n’en veux pas ! » Lacord fait remarquer que ces gardes nationaux viennent à eux par suite de l’influence morale qu’a conquise l’Internationale, pourquoi les repousser ? Frankel continue à montrer de la méfiance, et dit qu’on ne peut engager l’Internationale avant que chacun ait consulté sa section. La discussion se poursuit. Elle est intéressante :

Goullé. — Il n’y a pas à engager l’Internationale. Il s’agit d’avoir des Internationaux dans les délégués des compagnies, puis quatre membres dans le Comité Central, pour y agir en leur nom individuellement, et venir donner des renseignements au Conseil fédéral.

Clamens. — Ce sont des socialistes qui sont à la tête de l’affaire.

Vaniun. — Les hommes du comité qui nous étaient suspects ont été écartés et remplacés par des socialistes qui désirent avoir parmi eux quatre délégués, servant de lien entre eux et l’Internationale. Si nous restons seuls en face d’une telle force, notre influence disparaîtra ; si nous sommes unis avec le Comité, nous faisons un grand pas vers l’avenir social.

Babick. — Acceptons le concours qu’on nous offre et usons-en avec la réserve commandée par la prudence. Je veux que, dans tout ceci, l’internationale soit à l’abri.