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dent l’appui de l’Internationale. Le concours de l’assemblée est acquis à ces travailleurs.

Dans In même séance, on discute le manifeste que doit publier la Lutte à outrance, le nouvel organe de l’association. « Le manifeste de la Société internationale des travailleurs, déclare solennellement le citoyen Chalain, devra soutenir nettement la liquidation sociale ». Lacord propose que les séances deviennent quotidiennes. « L’Internationale, dit-il, ignore sa force réelle, elle est considérable ; le public la croit riche et unie. » Le citoyen Rouveyrol conteste et dit que les sections sont ruinées et que les membres en sont dispersés. Il ajoute : « Si le public savait tout cela, il jugerait combien nous sommes faibles, et l’association sombrerait du coup. » Cet aveu pessimiste ne soulève aucune protestation. On réclame seulement la lecture du manifeste qui a été rédigé. Le citoyen Armand Lévy, rédacteur de la Lutte à outrance, trouve le manifeste bon comme idées, mais pas assez dans le sens actuel. « Ce qui a fait la force de l’Internationale, ajoute-t-il, ça a été de ne pas se limiter à combattre pour les travailleurs français, mais de s’étendre au prolétariat de l’univers. » Le Conseil décide qu’il y aura désormais séance les mardi, jeudi et samedi, à huit heures du soir.

On remarquera que ce jour-là, 19 janvier 1871, se livrait la bataille de Buzenval, suprême effort et première action de la garde nationale parisienne, point de départ de l’exaspération qui devait aboutir à l’insurrection et à la Commune, et qu’il ne fut pas question un seul instant de ce grand et tragique événement, au cours de la longue délibération du Conseil fédéral de l’Internationale. Les Prussiens, la grande sortie, la garde nationale vaincue, la capitulation dès lors justifiée et certaine, les internationaux n’en avaient cure. Ils pensaient uniquement à leur journal,