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trouvera dans un meilleur état qu’aujourd’hui. Mais je reconnais que le mal, et un mal incontestable, résulte de l’existence même de l’Internationale, qu’il est vrai que sa sphère d’action s’étend, et qu’elle sort même des classes industrielles pour entrer dans les classes agricoles. Oui, il y a un mal des plus graves, c’est pour cela que nous vous avons proposé la loi, et nous l’avons faite avec la ferme intention de l’appliquer.

Le gouvernement possède actuellement une force matérielle assez grande pour vaincre toutes les résistances. Je ne crains nulle part des désordres matériels, et je ne crois pas que les partis songent à tenter quelque chose, et s’ils l’essayaient, je réponds qu’ils seraient écrasés à l’instant même.

Mais la lutte contre l’Internationale sera certainement une entreprise longue, difficile. Je considère comme un devoir de conscience pour tous les amis de l’ordre social en Europe de tenter cette lutte. Nous commençons pour notre part, en proposant la loi qui vous est soumise. Nous verrons si l’application donnera les résultats que nous espérons. Cette loi n’est d’ailleurs que le point de départ d’une série de mesures que nous vous demanderons de nous autoriser à prendre si la nécessité l’exige.

Cette déposition haineuse et comminatoire, où Thiers affirmait surtout le désir d’obtenir des moyens de répression exceptionnels contre les républicains socialistes, sous le prétexte d’affiliation à l’Internationale, prouve, non pas que les tronçons de cette association fussent redoutables, mais qu’il était de bonne guerre de paraître les redouter. C’était une parodie du spectre rouge de décembre 51, que Thiers, et les ruraux de Versailles à sa dévotion tentaient là. En s’efforçant de constituer une Sainte-Alliance des états monarchiques contre l’Internationale, bien tranquille, bien inoffensive dans les pays étrangers, où elle s’accommodait parfaitement avec les régimes militaires et aristocrates, avec le pouvoir royal héréditaire, Thiers et la réaction versaillaise se proposaient seulement d’armer contre les républicains français toutes les fractions de l’opinion cléri-