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pour toute la France. Nous avons dû faire faire par les premiers présidents de Cour d’Appel et par les chefs des administrations publiques, des enquêtes portant sur des point éloignés, et nous n’avons pas encore tous les rapports qui nous sont annoncés. Nous avons nommé notre rapporteur, et nous sommes obligés de le prier de se hâter, parce que l’assemblée saisie de diverses propositions, et notamment de votre loi sur l’Internationale, nous presse, et nous demande, avec raison, de la renseigner sur la puissance et les manœuvres de l’Internationale, comme sur l’état des esprits dans les provinces.

M. Thiers répondit en ces termes :

Avant d’entrer dans le récit des faits, permettez-moi sur l’Internationale quelques notes qui serviront de courte préface à ce que je dois vous dire.

Je crois que l’action de l’Internationale est très réelle, qu’elle est continue, et cela depuis bien des années, mais en même temps que cette action est très occulte, Bien que cette société ait la prétention de ne s’occuper que de ce qu’elle regarde comme étant de son domaine et de son intérêt, c’est-à-dire de violenter la liberté des transactions, d’altérer le prix de la main d’œuvre, bien qu’elle affecte de dire qu’elle ne se mêle pas de politique, au fond, partout où se produit un trouble social, l’Internationale intervient pour l’aggraver. Partout, elle se fait l’inévitable auxiliaire du désordre. Je sais bien que les branches étrangères de l’Internationale blâment la branche française de son immixtion dans les affaires politiques. « Cela, disent-elles, ne regarde pas la société. Elle n’a pour but que d’assurer le bien-être du peuple. » Mais ce que ces gens-là appellent assurer le bien-être du peuple, consiste à changer le prix naturel de la main-d’œuvre, par des émeutes, par des coalitions de bras et d’argent, et ils ne s’aperçoivent pas qu’en agissant de la sorte ils ruinent les ouvriers en même temps que les entrepreneurs, et qu’ils créent la misère universelle. Le caractère vrai de cette société, c’est donc, tout en affectant de ne pas se mêler de politique, là où il y a un peu de désordre, de s’y jeter avec empressement, Nous l’avons vue figurer dans les événements de France, et surtout dans ceux de Paris, sans qu’on puisse dire qu’elle en est la cause directe, qu’elle les a encouragés, qu’elle les a fait naître, sans qu’on puisse dire le