dans les champs paisibles de nos pays », comme s’expliquait le manifeste des internationaux d’Allemagne.
La vérité est que, pas plus pour armer les Parisiens en 1871 que pour désarmer les Prussiens en 1870, l’Internationale n’avait la puissance et le nombre. L’intention, dans des conjonctures aussi formidables, ne suffit pas.
Bien loin d’avoir fait la Commune, on pourrait dire que c’est le mouvement communaliste de 1871, et l’éphémère victoire prolétarienne du 18 mars, qui donnèrent à l’Association internationale, existant de fait déjà depuis plusieurs années, une importance politique, en France et à l’étranger, qu’elle n’avait pas avant, qu’elle ne put conserver après. Le retentissement dans le monde entier du soulèvement parisien, où l’on voulait voir la main, le levier de l’Internationale, profita à cette association. Son nom fut répandu dans des milieux jusque-là fermés à toute pénétration socialiste. Elle devint synonyme de Révolution sociale universelle. Tous les États se crurent, ou se dirent, menacés par elle. La réaction, dans toute l’Europe, usa de cet épouvantail. On fit peur aux civilisations aristocratiques et bourgeoises, aux organisations capitalistes et guerrières, de l’approche de ces Barbares qui se vantaient de donner l’assaut à toutes les forteresses de la société. On se servit longtemps de ce spectre effarouchant pour achever l’écrasement du prolétariat vaincu à Paris, partout où il tentait de se montrer, non plus audacieux et combatif, mais seulement respirant encore, désarmé, se faisant inoffensif et doctrinaire. Les Internationaux, après 1871, ne furent plus que des professeurs du socialisme, des casuistes plutôt, renonçant aux actes, mais se chamaillant sur des théories, disputant à propos de systèmes, dévorés par des rivalités d’écoles, et ressuscitant les controverses haineuses de la scolastique. Ils parurent renoncer à toute action. Bakounine