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tation, inspirée d’un ardent enthousiasme contre tous les obstacles mis à votre développement pacifique, principalement par les sauvages guerres. Animés de sentiments fraternels, nous unissons nos mains aux vôtres, et nous vous affirmons comme des hommes l’honneur et qui ne savent pas mentir, qu’il ne se trouve pas dans nos cœurs la moindre haine nationale, que nous subissons la force, et n’entrons que contraints et forcés dans les bandes guerrières qui vont répandre la misère et la haine dans les champs paisibles de votre pays.

Nous aussi nous sommes hommes de combat, mais nous voulons combattre en travaillant pacifiquement et de toutes nos forces pour le bien des nôtres et de l’humanité ; nous voulons combattre pour la liberté, l’égalité et la fraternité, combattre contre le despotisme des tyrans qui oppriment la sainte liberté, contre le mensonge et la perfidie, de quelque part qu’ils viennent.

Solennellement, nous vous promettons que, ni le bruit des tambours, ni le tonnerre des canons, ni victoire, ni défaite, ne nous détourneront de notre travail pour l’union des prolétaires de tous les pays.

Nous aussi nous ne connaissons plus de frontières, parce que nous savons que des deux côtés du Rhin, que dans la vieille Europe comme dans la jeune Amérique, vivent nos frères, avec lesquels nous sommes prêts à aller à la mort, pour le but de nos efforts : la république sociale. Vivent la paix, le travail, la liberté !

On ne peut relire sans un hochement de tête mélancolique, accompagné d’un sourire glacé d’ironie, cette double phraséologie, sincère d’intention assurément, mais pompeuse et vaine. On doit admettre que les frères allemands étaient aussi véridiques que nos internationaux, quand ils exprimaient le désir commun de rester chacun chez soi, et de ne point courir les aventures de guerre. Les Allemands ajoutaient que rien ne les détournerait de travailler à l’union des prolétaires. Ces belles déclarations avaient toute l’importance des protestations de dévouement, de considération et d’offres de service, qu’on a l’habitude de