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aussi avec l’amertume au cœur de la réalité, mais obéissant au sentiment idéal de la fraternité des peuples et de l’horreur pour la guerre, qui devait être commune aux prolétaires des deux pays en conflit, adressa aux Internationaux d’Allemagne et d’Espagne l’appel suivant :

Frères d’Allemagne,

Au nom de la paix, n’écoutez pas les voix stipendiées et serviles qui chercheraient à vous tromper sur le véritable esprit de la France.

Restez sourds à des provocations insensées, car la guerre entre nous serait une guerre fratricide.

Restez calmes, comme peut le faire, sans compromettre sa dignité, un grand peuple courageux. Nos divisions n’amèneraient, des deux côtés du Rhin, que le triomphe complet du despotisme.

Frères d’Espagne,

Nous aussi, il y a vingt ans, nous crûmes voir poindre J’aube de la liberté ; que l’histoire de nos fautes vous serve au moins d’exemple. Maîtres aujourd’hui de vos destinées, ne vous courbez pas comme nous sous une nouvelle tutelle.

L’indépendance que vous avez conquise, déjà souillée de votre sang, est le souverain bien ; sa perte, croyez-nous, est pour les peuples majeurs la cause des regrets les plus poignants.

Travailleurs de tous pays,

Quoi qu’il arrive de nos efforts communs, nous, membres de l’Internationale des travailleurs, qui ne connaissent plus de frontières, nous vous adressons, comme un gage de solidarité indissoluble, les vœux et les saluts des travailleurs de France.

Les Allemands répondirent par le manifeste suivant, signé Gustave Kwasniewski, au nom des membres de l’Association internationale des travailleurs, à Berlin :

Frères de France,

Nous aussi, nous voulons la paix, le travail et la liberté ; c’est pourquoi nous nous associons de tout notre cœur à votre protes-