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suites, par erreur, il déclara au tribunal : « Je ne suis pas de l’Internationale, mais j’espère bien en faire partie un jour ! » il fut admis séance tenante par ses co-accusés, mais le tribunal l’acquitta comme n’étant pas poursuivable du chef de société secrète, puisqu’il n’en était pas membre lors de la poursuite.

Ce néophyte de l’Internationale se trouva donc, au lendemain du 18 mars, par sa notoriété seule, considéré comme représentant cette association mystérieuse et supposée puissante. L’interprétation erronée s’est propagée, et dans l’esprit de la plupart des gens, non initiés aux mouvements populaires de cette époque, Assi et l’Internationale continuèrent d’être considérés comme les auteurs principaux de l’insurrection du 18 mars.

Les comités de vigilance, qui fonctionnèrent durant les journées de février et de mars 1871, après l’armistice, au moment des préliminaires de paix et dont l’action fut considérable lors de l’affaire des canons, furent sans doute organisés par des sections de l’association, mais ses membres se trouvèrent confondus avec les autres militants, et le Comité Central de la garde nationale eut une existence autonome, en dehors de l’Internationale, et indépendante du conseil général de Londres.

L’Internationale n’était pas une force insurrectionnelle active. Elle prépara, elle endoctrina les futurs insurgés ; elle ne pouvait ni les armer ni les lancer dans les mêlées. À l’époque du 26 octobre, il lui était impossible d’intervenir utilement. Si les députés de la gauche avaient pris la direction du mouvement, comme ils s’y étaient engagés, les adhérents de l’Internationale eussent certainement suivi et agi, mais elle ne possédait ni l’influence ni l’organisation pour une prise d’armes. C’était une armée où il n’y avait que des colonels.