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voyait aux Tuileries, dans la presse, à la préfecture de police, dans les milieux politiques bien informés, s’accumuler les nuages ; d’abord simples points noirs, ils épaississaient, et l’électricité s’y emmagasinait. L’orage ne pouvait tarder à éclater. On s’abusait seulement sur l’époque où la nue se déchirerait. On ignorait aussi les éléments de ces nuages orageux.

De nos jours même, longtemps après les événements accomplis, après les désastres subis, et en partie réparés, des esprits fort clairvoyants n’ont pas discerné nettement les causes de la tourmente. On a attribué à l’Internationale un rôle énergique, et une influence perturbatrice qu’elle n’eut jamais, qu’elle ne pouvait posséder, qu’elle ne recherchait même pas. Faire de cette association le pivot de la Révolution de 1870-71, le levier qui a jeté bas le régime impérial et soulevé le monde démocratique, c’est une aberration historique, aussi forte que celle dont certains écrivains ont fait montre lorsqu’ils ont accordé aux loges franc-maçonniques du xviiie siècle, tout imprégnés de l’esprit an-glais, esprit conservateur, aristocratique et religieux, une action décisive et un rôle prépondérant dans la Révolution française. La franc-maçonnerie qui eut, en France, pour premier grand maître un grand seigneur anglais, lord Derwentwater, ne pouvait concevoir, et ne visait qu’une réforme dans les lois, et une révolution parlementaire, avec ou sans régicide, devant amener un ordre social et politique semblable au régime fonctionnant encore dans le royaume uni.

L’Association internationale, dont le pouvoir central siégeait à Londres, dont les fondateurs étaient des théoriciens, et non des émeutiers, ne pouvait aucunement diriger un mouvement révolutionnaire actif, s’accommodant au tempérament français. Les internationaux sont demeurés comme