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ternisation sans limites, las de voir toute leur vie dévorée par la fatigue, par les privations, las de ramasser quelques miettes d’un banquet dont ils font tous les frais. Ce que veut le peuple, c’est d’abord se gouverner lui-même sans intermédiaire et surtout sans sauveur, c’est la liberté complète. Quel que soit votre verdict, nous continuerons, comme par le passé, à conformer ouvertement nos actes et nos convictions. Vous pouvez frapper les hommes, vous n’atteindrez pas l’idée, parce que l’idée survit à toute espèce de persécution.

À cette ferme déclaration, le tribunal répondit en prononçant les condamnations suivantes : Combault, Benoît Malon, Varlin, Pindy, Heligon, Murat, Johannard, à un an de prison et 100 francs d’amende ; Avrial, Sabourdy, Franquin, Passedouet, Rocher, Langevin, Pagnerie, Robin, Leblanc, Carle, Allard, Theisz, Collot, Germain Casse, Chalain, Mengold, Ansel, Bertin, Royer, Girode, Delacour, Durand, Duval, Fournaïse, Giot, Malézieux à 2 mois de prison et 25 francs d’amende.

Flabaut et Landeck furent acquittés, comme n’ayant pas donné leur adhésion à l’Association internationale des travailleurs, avant les poursuites. Les condamnés furent en outre privés de leurs droits civils.

SCISSION AVEC LA GAUCHE PARLEMENTAIRE

Cette condamnation creusait un fossé, un abîme plutôt, entre la gauche, ses orateurs et le nouveau parti, encore non organisé, invertébré pour ainsi dire, mais dont les membres paraissaient doués d’une vitalité surprenante. Rochefort excepté, mais le célèbre pamphlétaire, toujours en prison, en exil ou démissionnaire, comptait à peine dans ce parti essentiellent bourgeois et adversaire du socialisme, les chefs renommés de l’opposition parlementaire, étaient dédaignés, attaqués, conspués par le public des