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théâtre. Tandis que les fils de la classe, qui se prétend notre supérieure salissent leurs noms avec les Phrynés les plus éhontées qu’ils vont en voilettes aux champs de courses, que leur décrépitude précoce atteste la dégénérescence de toute une classe de la nation, au point qu’il y aura bientôt putréfaction, si toutes ces décadences ne viennent puiser une vie régénératrice dans l’énergie populaire ; des ouvriers qui, depuis l’âge de huit ans, travaillent pour donner des loisirs et de l’instruction à cette jeunesse qui en a fait un si noble usage, ont voulu tenter l’instauration de l’équité dans les rapports sociaux par la science, la libre étude des questions économiques, et l’association indépendante.

Ce programme, en dépit des déclamations rappelant les formules emphatiques et moralisantes de Chaumette, à la Commune de 93, était précis. Il posait le principe de l’antagonisme des classes, et Combault le résuma ainsi, en terminant :

C’est contre l’ordre juridique, économique et religieux que doivent tendre tous mes efforts. Nous voulons la révolution sociale et toutes ses conséquences !

Quand l’avocat impérial Aulois eut donné ses réquisitions, et après les plaidoiries pour les accusés qui avaient fait choix d’un avocat, les défenseurs étaient Mes Lachaud, Bigot, Rousselle, Lenté, Laurier, l’un des prévenus, Chalain, au nom de tous, eut la parole et prononça la déclaration suivante, véritable déclaration de guerre sociale :

Il y a en ce moment une sainte-alliance des gouvernements et des réactionnaires contre l’Internationale. Que les monarchistes et les conservateurs le sachent bien, elle est l’expression d’une revendication sociale trop juste et trop conforme aux aspirations contemporaines pour tomber avant d’avoir atteint son but. Les prolétaires sont las de la résignation ; ils sont las de voir leurs tentatives d’émancipation toujours repoussées, toujours suivies de répressions ; ils sont las d’être les victimes du capital, las de se voir condamner au travail sans espoir, voués à une subal-