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nous les retrouverons, mêlés à l’action et victimes de la répression, mais leurs commencements sont demeurés enveloppés de brumes et d’oubli. Il n’existe guère de documents, de volumes, de mémoires sur ces dernières années de l’empire. La catastrophe belliqueuse où l’empire sombra, où la France faillit périr, les péripéties de la lutte entre Versailles et Paris, les hommes et les circonstances des deux sièges ont accaparé l’attention, et les historiens, comme les mémorialistes et les anecdotiers, ont généralement négligé de renseigner sur les origines du grand mouvement révolutionnaire de 1862 à 1870 ; ils sont restés à peu près muets sur les débuts des hommes, voués à une impressionnante notoriété, ou destinés à passer comme des ombres sur un mur, qui, dans les trois dernières années impériales, préparèrent et rendirent possible l’avènement de la forme républicaine au 4 septembre, et Le sursaut vigoureux au 18 mars du prolétariat enchaîné.

Ce grand mouvement de propagande, cette éducation socialiste, cette préparation à la Révolution, qui se manifestaient par les réunions publiques, en dehors de la gauche et des opposants parlementaires, même contre eux, n’étaient pas l’œuvre de l’Internationale. Les orateurs des salles populaires n’appartenaient pas en majorité à l’association. Parmi ces militants de la première heure, il convient de citer : Germain Casse, l’un des délégués au congrès des étudiants, dont quelques-uns seulement faisaient partie de l’Internationale. D’une ardeur plus que méridionale, il était originaire de la Guadeloupe ; Casse avait une grande action au quartier latin. Avec sa face léonine, sa carrure d’athlète, sa gesticulation étourdissante et ses allures rudes, on le vit à la tête de toutes les manifestations qui se produisirent à partir de l’affaire Baudin. Germain Casse était né à la Pointe-à-Pitre en 1837, qu’il représenta, en 1833, à