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Reine-Blanche à Montmartre, des discussions furent organisées et suivies assidûment. L’un des présidents de ces réunions des plus en vue fut un hongrois naturalisé, Horn, qui, depuis, disparut. Il avait présidé la première réunion au Waux-Hall. Deux ou trois orateurs principaux furent rapidement mis en vedette, par leur facilité d’élocution, plutôt que par la hardiesse de leurs attaques. On s’en tenait, en apparence, aux matières dites économiques, pour déférer aux exigences de la loi, mais bien vite les orateurs détournaient la discussion, et l’on abordait, du consentement de l’auditoire, les questions sociales et surtout politiques. Un commissaire de police assistait aux séances, sur l’estrade, muni de son écharpe. Il prenait des notes, intervenait d’abord, pour protester et comme pour rappeler à l’ordre. Ensuite il prononçait la dissolution de l’assemblée. Très souvent des bagarres succédaient à cette clôture administrative, et la discussion reprenait après le départ en musique du représentant du gouvernement. Les orateurs et les membres du bureau, qui avaient continué à tenir séance, après que la réunion avait été dissoute, étaient traduits à bref délai devant les tribunaux.

L’orateur le plus écouté, le plus applaudi, était alors Briosne. Il était doué d’un organe sonore, parfaitement timbré, et s’exprimait avec des gestes sobres, et dans une phraséologie un peu creuse, mais claire et persuasive. Il traitait généralement de la « liquidation sociale ». À côté de lui on écoutait volontiers : Le français, comptable ayant des statistiques et des chiffres à citer à l’appui de ses revendications et de ses critiques. Abel Peyrouton, avocat Derveux, qui avait surtout de révolutionnaire le masque irrité et le geste coupant, le maigre Charles Longuet, l’un des chefs du petit groupe de jeunes proudhoniens se réunissant à la brasserie Serpente, Caulet de Tayac, grand, pâle, blond,