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au matin du 4 Septembre. On prétendit qu’il avait été surpris et exécuté par une de ses anciennes victimes. Il n’y eut ni instruction judiciaire, ni même enquête sommaire, sur les circonstances de sa mort. Il est fort probable qu’en apprenant la chute du régime qu’il avait servi avec un zèle excessif, et en voyant ceux qu’il avait non seulement condamnés, mais insultés du haut de son tribunal, arriver au pouvoir, il prit peur, et, comme les vizirs odieux, à la mort d’un sultan, il ne voulut pas survivre au gouvernement qui le protégeait, et se tua. Suicide ou vengeance politique, la disparition ne fit aucun bruit : la bête malfaisante avait expiré dans sa tanière, et nul ne s’en occupa. On avait alors d’autres passionnantes préoccupations.

LES PROCÈS DE L’INTERNATIONALE

Ce premier procès ne parvint ni à émouvoir ni à effrayer la bourgeoisie. Elle assista d’ailleurs avec une suffisante indifférence aux diverses poursuites intentées aux membres de l’Internationale. La plupart des accusés étaient pour elle des inconnus, et l’on considérait leurs théories comme chimériques, leur but comme invraisemblable, leur influence politique comme nulle.

Le ministère public contribua à entretenir cette apathie bourgeoise. Nul ne semblait pressentir l’importance du mouvement, nul ne devinait dans ces ouvriers obscurs, déférés à la justice comme de hardis mais infimes ennemis de l’ordre social, les futurs dirigeants d’un formidable mouvement. On était alors tout à la joie. La fête impériale battait son plein. On se trouvait à la veille de la grande kermesse internationale du Champ de Mars, et l’Exposition Universelle accaparait l’attention, dérivait les énergies, masquait tous les points noirs, extérieurs et intérieurs, que