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Bruxelles, de Lausanne et de Bâle préconisaient le bouleversement, le préparaient visiblement. On décida d’arrêter ces colonnes d’assaut, lancées des congrès tenus à l’étranger contre les institutions et les principes de l’empire, remparts de la société propriétaire, capitaliste et bourgeoise.

Les internationaux furent considérés comme des conspirateurs. Des ordres furent donnés au parquet, qui obéit sur l’heure. L’Internationale fut poursuivie comme société secrète. C’était absurde. Il n’y avait rien de secret dans les réunions, comme dans le but de ces ouvriers groupés, non seulement au grand jour, mais originairement avec l’assentiment et la subvention du gouvernement.

La loi des coalitions n’autorisait pas l’association. Le 26 mars 1868, les membres du bureau de la section française de l’internationale comparurent donc devant la 6e chambre, tribunal correctionnel de Paris. Les accusés étaient : Tolain, Camélinat, Héligon, Chemalé, Murat, Perrachon, Fournaise, Dantier, Bellamy, Gérardin, Gautier, Bastien, Guvard, Delahaye, Delorme. Ils étaient inculpés d’avoir fait partie d’une société non autorisée de plus de vingt personnes. L’audience était présidée par le fameux Delesvaux. Ce magistrat à tout faire, brutal, partial, très peu distingué, physiquement et intellectuellement, s’était acquis une peu enviable célébrité, durant les dernières années de l’empire. Il fut le valet judiciaire du gouvernement impérial aux abois. Ce fut lui qui subit les cinglantes apostrophes de Gambetta, plaidant l’affaire de la manifestation Baudin. Il siégea dans presque tous les procès politiques de 1868 à 1870. Avec son digne collègue, le vice-président Loriot de Rouvray, chargé de la 7e chambre, il s’était attiré l’animosité de tous les républicains. On le trouva mort subitement, dans son appartement de la rue d’Amsterdam,