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conseil général marxiste, firent plus que de proclamer des théories, ils agirent. La plupart, en effet, sans avoir été les promoteurs de la Révolution du 18 mars, mouvement spontané, riposte à une provocation gouvernementale, propagèrent l’esprit révolutionnaire, fournirent des chefs au Comité Central, des membres et des fonctionnaires au gouvernement de la Commune. Les autres internationaux, en Allemagne, en Angleterre, se contentèrent de disputailler sur leurs théories, en s’inclinant respectueusement devant le casque couronné du Kaiser et le diadème de la Queen.

L’INTERNATIONALE SOUS NAPOLÉON III

Les premiers membres français de l’Internationale, les délégués à l’exposition de Londres, avaient paru inoffensifs au gouvernement impérial. Loin de se montrer effrayé par la création de cette organisation ouvrière, ayant des ramifications dans tous les pays d’Europe, l’empereur, qui faisait montre alors de libéralisme, non seulement toléra ce mouvement inattendu, mais l’encouragea. Napoléon III avait toujours eu une tendance à admettre, à soutenir même les idées socialistes, à condition qu’elles demeurassent sans danger pour le pouvoir absolu dont il était nanti.

Durant sa détention à Ham, dans son cerveau nuageux, des aspirations philanthropiques et des rêveries humanitaires s’étaient condensées. Il avait rédigé un mémoire sur l’Extinction du Paupérisme. Son socialisme théorique s’accommodait parfaitement avec la pratique de la dictature. Il éprouvait, pour la multitude, qu’il se gardait bien de qualifier de « vile », des sentiments de bienveillance césarienne. Il était reconnaissant, envers ceux qu’il considérait comme étant de la plèbe, de leur inaction lors du Deux Décembre, de leur soumission au fait accompli, de leur inertie consen-