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geois radicaux, élevés à l’école de l’opposition des Cinq, tremblèrent. Ils se hâtèrent de se mettre, à Versailles, sous la protection des gendarmes. Leur refus ne saurait s’expliquer par l’adoption d’actes qu’ils désapprouvaient, et dont ils ne voulaient pas assumer la responsabilité, puisque la plupart ne furent pas des démissionnaires en séance, mais des non-acceptants, avant même que l’assemblée communale se fût réunie, avant qu’elle eût pris une décision quelconque. D’avance ils la répudiaient, sur son nom, sur son aspect. Quand ces poltrons désertèrent la cause de Paris et des libertés communales de toute la France, qu’on leur confiait à défendre, la Commune n’avait rendu aucun décret, et ils ne pouvaient se plaindre d’être une minorité opprimée, réduite à l’impuissance.

La défection de ces hommes notoires, estimés, importants, ayant clientèle républicaine, susceptibles d’être écoutés à Versailles, suivis à Paris, et qui pouvaient amener une transaction, grâce à l’influence dont ils disposaient, fut néfaste autant que coupable.

Assurément nul ne peut être contraint d’exercer des fonctions électives malgré soi, mais il est, dans l’existence des nations, au milieu de mêlées confuses et redoutables, des instants où l’homme doit oser prendre parti, où il faut agir, et où il ne saurait se dérober au devoir. C’est une fuite dans le combat que la démission dans un pareil moment. La loi pénale ne prévoit, ni ne punit, les crimes d’inertie, les méfaits d’abstention. Ceux qui les commettent sciemment et volontairement en sont-ils moins coupables ?

Un passant qui pouvant secourir un malheureux, assailli ou en danger, s’en va tranquillement, à l’écart, et laisse