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lition de l’héritage. Les Suisses et les Italiens votèrent avec les Français pour le maintien de la propriété individuelle. Les Belges, les Anglais et les Allemands votèrent la propriété collective.

Le Congrès de Bruxelles, en 1868, fut une revanche de l’esprit communiste. Il adopta le principe collectiviste, malgré l’opposition des Français. Une question, à laquelle de terribles événements, bien proches, allaient donner une réponse brutale, qui n’était point celle qu’avaient supposée les congressistes illusionnés, fut posée sur l’attitude des travailleurs en cas de conflit guerrier. Les congressistes votèrent une motion de Charles Longuet, Richard, Fontaine et Tolain, délégués français, déclarant que les ouvriers devraient s’opposer à la guerre, et menacer les gouvernements d’une grève générale « dans tous les pays où éclaterait la guerre ». Deux ans après, les Prussiens bombardaient Paris, et les ouvriers allemands marchaient sans hésiter contre les ouvriers parisiens, qui, eux-mêmes d’ailleurs, à la déclaration de guerre, pas plus que leurs confrères allemands, n’avaient eu la pensée d’une déclaration de grève générale. Des deux côtés de la frontière, on avait patriotiquement empoigné le fusil, et combattu chacun pour son pays, sans se préoccuper des principes et des statuts de l’Internationale.

BAKOUNINE

À Bale, le 6 septembre 1869 s’ouvrit un congrès animé de l’esprit le plus révolutionnaire. Des délégués espagnols y assistaient, et aussi un délégué des mécaniciens de Naples, le russe Bakounine. Ce célèbre révolutionnaire avait été élevé à l’école des Cadets, et en était sorti officier dans l’artillerie de la garde. Il appartenait à une famille riche. Il