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nuait à défendre les réunions et les associations, elle ne donna qu’une incomplète satisfaction à la classe ouvrière.

CONGRÈS INTERNATIONAUX

Un second congrès de travailleurs eut lieu à Genève, en 1866. Les discussions y furent économiques seulement. On y vota les statuts. Karl Marx, dont l’autorité s’affirmait de plus en plus, établit fortement la prépondérance, sur chaque conseil fédéral, du conseil général siégeant à Londres. À Lausanne, le congrès, qui fut tenu en septembre 1867, déclara que l’émancipation sociale était inséparable de l’émancipation politique. Un ouvrier suisse, à la première séance, fit une motion qui amena de la part de la grande majorité une déclaration anti-religieuse inattendue. On était implicitement d’accord, avant la réunion du congrès, pour écarter toute discussion sur les croyances, la croyance étant du domaine du sentiment individuel, une affaire privée. Ce congressiste eut la singularité de proposer que, suivant l’usage de son pays, on invoquât, avant de commencer toute discussion, la bénédiction de Dieu sur les travaux de l’assemblée. Cette motion dangereuse, conforme à l’esprit calviniste, suscita d’évidentes protestations et amena de très fermes déclarations de matérialisme scientifique.

Le Congrès ayant décidé, à l’unanimité, que l’émancipation morale des travailleurs devait être accompagnée de leur émancipation politique, vota ensuite le principe que : les sociétés coopératives ne devaient pas réaliser de bénéfices, car alors elles deviendraient une nouvelle caste capitaliste, mais qu’elles devaient se diriger par les principes de la mutualité et du fédéralisme. On repoussa, sur la proposition des délégués français, des motions qualifiées de communistes, comme la propriété collective du sol et l’abo-