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Je ne sais qui l’emportait en lui de l’imbécillité ou de l’effronterie (Empire libéral).

La candidature ouvrière, celle d’un typographe, nommé Blanc, ne réunit qu’un petit nombre de voix, mais elle avait affirmé, devant tous les partis politiques, devant le public aussi, la candidature de classe.

Un manifeste, portant soixante signatures ouvrières, avait accompagné la présentation du candidat, c’était comme la déclaration des Droits de l’Ouvrier. Ce programme réfutait d’abord la formule courante : il n’y a plus de classes depuis 1789. Il protestait ensuite contre le sophisme de l’égalité des citoyens. Cette prétendue égalité, cette égalité théorique, faisait partie du verbiage électoral. On use encore de ce terme fallacieux. Comme si le capital n’établissait pas une évidente distinction, ne mettait pas une séparation infranchissable entre les citoyens, comme si le pauvre était dans la société l’égal du riche, comme si l’homme qui n’a comme moyen d’action que ses bras, peut être considéré comme libre ! Ces soixante prolétaires hardiment repoussaient ces mensonges politiques, répétés et soutenus par les députés et les journalistes de l’opposition, d’avec lesquels ils se séparaient audacieusement.

Les soixante affirmaient, en outre, qu’ils n’étaient pas représentés, et que des députés issus de la classe bourgeoise ne pouvaient ni obtenir ni même réclamer les réformes, d’où devait sortir l’affranchissement des travailleurs.

Nous ne sommes pas représentés, disaient-ils, car, dans une séance récente du Corps Législatif, aucune voix ne s’éleva pour formuler, comme nous les entendons, nos aspirations, nos désirs et nos droits. Nous ne sommes pas représentés, nous qui refusons de croire que la misère soit d’institution divine. Nous ne sommes pas représentés, car personne n’a dit que l’esprit d’antagonisme